L’art du carrelage s’est implanté dans la péninsule Ibérique sous l’influence des Arabes qui, pour décorer les murs de leurs palais, ont apporté des mosaïques inconnues dans les terres conquises, les rendant brillants et ostentatoires grâce à un jeu géométrique complexe.
Ce style a fasciné les Espagnols et les Portugais, et les artisans ibériques se sont mis au travail : ils ont repris la technique mauresque, l’ont simplifiée et ont adapté les motifs au goût occidental.
Les premiers exemples utilisés au Portugal, les « Hispano-Mauresques », proviennent de Séville à la fin du XV^e siècle et servent à recouvrir les murs des palais et des églises.
Soixante-dix ans plus tard, en 1560, des ateliers de poterie ont commencé à voir le jour à Lisbonne afin de produire des carreaux selon la technique de la faïence importée d’Italie.
L’originalité de l’utilisation des azulejos portugais et le dialogue qu’ils établissent avec les autres arts en font un art unique au monde.
Des panneaux exposés au Musée national des tuiles témoignent de l’évolution et de la monumentalité de cette pièce décorative en céramique qui s’adapte aux besoins et aux styles des différentes époques.
Museu Nacional do Azulejos em Lisboa
Le retable de Notre-Dame de Vie, datant de la fin du XVI^e siècle, composé de 1 384 tuiles ayant survécu au grand tremblement de terre, est, pour l’historienne de l’art Alexandra Curvelo, un exemple de l’importance des tuiles au Portugal.
La nouvelle industrie de la tuile a prospéré grâce aux commandes de la noblesse et du clergé.
De grands panneaux personnalisés ont été conçus pour orner les murs des églises, des couvents, des palais, des manoirs et des jardins.
L’inspiration provient des arts décoratifs, des textiles, des bijoux, des gravures et des voyages des Portugais en Orient.
De grandes compositions scénographiques apparaissent, marque de fabrique du baroque, avec des motifs géométriques et des thèmes figuratifs et végétaux de la faune et de la flore exotiques.
C’est à cette époque qu’apparaît le carreau à motifs, notamment sur les devants d’autel, l’une des formes d’utilisation originale du carreau, comme le montre cet extrait du programme de la « Visite guidée ».
Ce sont les classes dirigeantes qui ont d’abord cultivé le goût pour les carreaux, en choisissant le thème le plus approprié pour décorer les bâtiments : campagnes militaires, épisodes historiques, scènes de la vie quotidienne, religieuses, mythologiques et même quelques satires.
Il appartenait ensuite aux potiers de répondre à la demande en copiant les modèles ou en adaptant les modes et les styles.
Vers la fin du XVII^e siècle, la qualité de la production et de l’exécution s’améliore, des familles entières s’investissent dans l’art de la tuilerie et certains peintres s’affirment en tant qu’artistes, signant leurs œuvres, amorçant ainsi le cycle des Maîtres.
Des scènes insolites apparaissent dans les carreaux portugais, surprenantes tant par leur originalité que par l’audace de l’artisan qui remplace les êtres humains par des singes, des jaguars ou des poulets, par exemple, construisant ainsi des histoires fantastiques et ironiques qui suscitent le rire.
L’envie d’apporter de nouveaux thèmes aux arts décoratifs s’accompagne souvent d’une certaine improvisation, mais aussi d’une façon unique de faire les choses différemment, que l’on peut apprécier dans le panneau intitulé A Caça ao Leão (La chasse au léopard).
La polychromie des jaunes, des verts et des bruns violacés laissera place au bleu sur fond blanc, deux couleurs héritées de l’influence hollandaise et de la porcelaine orientale.
Chronologie des principaux moments de l’histoire des azulejos portugais. Elle comprend des exemples d’application in situ de revêtements muraux à motifs, figuratifs et ornementaux, qui témoignent du caractère architectural de ces applications et les distinguent de celles connues dans d’autres pays européens.
Les multiples influences incorporées et réinterprétées par les carreaux portugais au cours de plus de cinq siècles d’utilisation sont également incluses.
Cette synthèse met également en évidence la citation continue de goûts, de techniques et de motifs des époques précédentes, dans un dialogue continu entre le passé et le présent qui marque l’histoire de ces carreaux.
Après le tremblement de terre de 1755, la reconstruction de Lisbonne a donné un nouvel élan à la production de carreaux à motifs, aujourd’hui connus sous le nom de « pombalinos », et utilisés pour décorer les nouveaux bâtiments.
Les tuiles étaient fabriquées en série, en combinant des techniques industrielles et artisanales.
À la fin du XVIII^e siècle, les carreaux ne sont plus l’apanage de la noblesse et du clergé ; la bourgeoisie aisée passe alors les premières commandes pour ses domaines et ses palais.
Les panneaux racontent parfois l’histoire de la famille, voire son ascension sociale, comme en témoigne l’ensemble intitulé « História do Chapeleiro António Joaquim Carneiro » (Histoire du chapelier António Joaquim Carneiro), exposé au Musée national des tuiles.
À partir du XIX^e siècle, les carreaux ont gagné en visibilité, quittant les palais et les églises pour orner les façades des bâtiments, dans une relation étroite avec l’architecture.
La lumière reflétée par les surfaces vitrées éclaire le paysage urbain.
La production de carreaux est intense et de nouvelles usines sont créées à Lisbonne, Porto et Aveiro. Au milieu du XX^e siècle, les carreaux s’imposent dans les gares et les stations de métro, certains d’entre eux étant signés par des artistes de renom.
La tradition s’est encore popularisée, se présentant comme une solution décorative pour les cuisines et les salles de bains, témoignant de la résistance, de l’innovation et de la capacité d’adaptation de ce petit carreau de céramique.
Azulejo est le mot portugais désignant une assiette carrée en céramique dont l’une des faces est décorée et émaillée.
Son utilisation est courante dans d’autres pays comme l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Turquie, l’Iran et le Maroc, mais elle revêt une importance particulière au Portugal dans le contexte universel de la création artistique :
- Elle est remarquable par sa longévité, ininterrompue pendant cinq siècles.
- Il a également été appliqué en tant qu’élément structurant de l’architecture, à travers de grandes couvertures à l’intérieur des bâtiments et sur les façades extérieures.
- La façon dont il a été compris au fil des siècles, non seulement comme un art décoratif, mais aussi comme un moyen de renouveler le goût et d’enregistrer l’imagerie.
Les carreaux au Portugal : un support de tolérance entre exotisme et sensualité.
L’azulejo est un élément identifiable de la culture portugaise qui révèle certaines de ses racines les plus profondes :
- On retrouve cette capacité de dialogue avec les autres peuples dans le goût pour l’exotisme qui mêle les thèmes de la culture européenne à ceux des cultures arabes et indiennes, par exemple.
- Un sens pratique et rapide, illustré par l’utilisation du carreau, matériau conventionnellement pauvre, comme moyen d’embellir l’esthétique des bâtiments et des espaces urbains.
- Cette sensibilité spécifique, plus axée sur la sensualité que sur la conceptualisation, se manifeste au Portugal par une préférence pour un matériau coloré et réfléchissant la lumière plutôt que pour la peinture à l’expression immédiate, ainsi que par le choix d’images plus axées sur la description de la réalité.
Histoire et chronologie des azulejos portugais
- De 1490 à 1550
- Période de 1500 à 1560
- Période de 1575 à 1600
- Période de 1580 à 1630
- Période de 1600 à 1700
- Période de 1610 à 1680.
- Période de 1675 à 1700
- Période de 1725 à 1750
- Période de 1750 à 1789
- Période de 1740 à 1790
- Période de 1770 à 1820
- Période de 1780 à 1830
- Période de 1840 à 1900
- Période de 1890 à 1920
- Période de 1900 à 1940
- Période de 1950 à 1970
- Période de 1970 à 2013
1. Période allant de 1490 à 1550.
Carreaux hispano-mauresques
Ils sont importés des principaux centres de production de carreaux de la péninsule ibérique : Séville, Manises, Valence, Malaga et Tolède.
Il s’agit de carreaux à motifs géométriques et dentelés, mais aussi, plus tard, à motifs végétaux, appliqués avec un sens de l’architecture.
On y trouve également des techniques de corde sèche et, au début du siècle, des techniques de bordures.
La tradition islamique
Les premières utilisations connues de carreaux au Portugal en tant que revêtements muraux monumentaux sont des carreaux hispano-mauresques, importés de Séville vers 1503.
La présence arabe dans la péninsule ibérique s’est traduite par la permanence de la pratique de la céramique, Séville étant le principal centre de production de carreaux, qui utilisait encore les techniques archaïques du séchage à la corde et du bord jusqu’au milieu du XVI^e siècle.
L’évolution des motifs est passée de la dentelle mauresque et des chaînes géométriques aux thèmes végétaux et animaliers européens, oscillant entre le goût gothique et celui de la pure Renaissance.
Cependant, au Portugal, c’est davantage le goût pour la démesure dans l’habillage décoratif total des espaces qui subsiste, une sorte d’horreur du vide.
2. Période de 1500 à 1560
Carreaux d’importation : carreaux de la Renaissance et du maniérisme.
Des carreaux importés, utilisant déjà la technique de la majolique, de Séville, avec Francisco Niculoso (1504), et des Flandres (1558), provenaient d’ateliers d’artistes italiens installés dans ces régions.
Ils représentent des histoires classiques, des scènes de la vie quotidienne et des ferronneries, entre autres motifs. Il existe des commandes spécifiques à l’héraldique portugaise, comme pour le palais ducal de Vila Viçosa par exemple.
L’influence de l’Italie et de la Flandre se fait notamment sentir.
Le développement de la céramique en Italie, avec la possibilité de peindre directement sur le carreau grâce à la technique de la majolique, a permis de créer des compositions figuratives, tant historiques que décoratives.
Les céramistes italiens s’installent en Flandre et diffusent les motifs décoratifs maniéristes et les thèmes de l’Antiquité classique.
Des commandes sont passées en Flandre pour le Portugal et l’établissement de céramistes flamands à Lisbonne permet de lancer la production portugaise à partir de la seconde moitié du XVI^e siècle.
Les modèles de circulation internationale, dérivés de l’esthétique maniériste des Flandres, sont désormais utilisés par les peintres de carreaux qui créent des compositions monumentales en s’appuyant sur la connaissance érudite des maîtres du dessin et de la peinture, tels que Francisco et Marçal de Matos.
XVII^e – XVIII^e siècles : les œuvres commandées en Hollande
À partir du dernier quart du XVII^e siècle et pendant près de cinquante ans, d’importants ensembles de carreaux sont importés des Pays-Bas.
Dessinés par d’habiles peintres tels que Willem van der Kloet et Jan van Oort, ces carreaux séduisent le public portugais grâce à leur supériorité technique et à leur couleur bleue rappelant la porcelaine de Chine.
L’effort consenti pour les rapprocher de nos goûts dans la réalisation de décors monumentaux a contribué à leur succès.
Ces importations obligent les ateliers nationaux à réagir en faisant appel à des peintres formés à la peinture académique, afin de répondre aux attentes d’une clientèle désormais plus exigeante. Les nouveaux carreaux portugais entraînent également l’abandon naturel des importations, la dernière commande importante datant de 1715.
Aux grands panneaux figuratifs s’ajoutent des carreaux communs venus des Pays-Bas, dits « à figure unique », représentant chacun une scène autonome. Il s’agit d’une production intimiste conforme au goût hollandais, mais appliquée au Portugal selon notre tradition, avec des moulures peintes sur le carreau.
XVII^e siècle – Carreaux répétitifs
Lorsque le goût pour les carreaux de céramique monumentaux dans les églises et les palais s’est imposé au Portugal, il était coûteux de commander des compositions uniques adaptées à chaque espace, et l’on choisissait le plus souvent des carreaux répétitifs.
Entre la fin du XVI^e siècle et le début du XVII^e siècle, on trouve des compositions d’enxaquetados, des carreaux de couleur unie qui alternent pour créer des mailles décoratives sur les murs.
Bien que bon marché, leur application était complexe et lente, ce qui rendait le processus coûteux et a conduit à leur abandon progressif.
Les carreaux à motifs, produits en grande quantité et faciles à appliquer, ont d’abord été utilisés dans des modules répétitifs de 232 carreaux, puis dans des modules plus grands atteignant 12 312 carreaux, créant ainsi de forts rythmes diagonaux.
Dans toutes ces utilisations, l’utilisation de bordures et de barres était essentielle pour une intégration efficace dans les contours architecturaux.
3. Période allant de 1575 à 1600.
Première production portugaise
Début de la production portugaise, avec les mêmes caractéristiques que le cycle précédent et utilisant la technique de la majolique. La chapelle de São Roque, dans l’église jésuite avec la même invocation, en est l’un des meilleurs exemples. Elle est signée et datée : Francisco de Matos, 1584.
4. Période de 1580 à 1630
Carreaux en boîte
Revêtements aux schémas géométriques, articulés avec les espaces dans lesquels ils sont insérés, grâce à des carreaux d’une seule couleur (bleu et vert) combinés à d’autres blancs, coupés et adaptés à l’architecture.
Revêtements aux schémas géométriques, articulés avec les espaces dans lesquels ils sont insérés, grâce à des carreaux d’une seule couleur (bleu et vert) combinés à d’autres blancs, coupés et adaptés à l’architecture.
5. Période allant de 1600 à 1700.
Carreaux à motifs
Il s’agit de revêtements intégraux composés de carreaux à motifs polychromes représentant des motifs géométriques, entrelacés, végétaux, floraux, etc., délimités par des barres, des bordures ou des frises, et rappelant les tapisseries.
C’est ainsi que ces revêtements ont été baptisés « tapisseries ».
Il existe également des devants d’autel imitant des tissus d’inspiration orientale, avec des représentations exotiques et des compositions brutes.
Il s’agit de revêtements intégraux composés de carreaux à motifs polychromes représentant des motifs géométriques, entrelacés, végétaux, floraux, etc., délimités par des barres, des bordures ou des frises, et rappelant les tapisseries.
C’est ainsi que ces revêtements ont été baptisés « tapisseries ». Il existait également des devants d’autel imitant des tissus d’inspiration orientale, avec des représentations exotiques et des compositions brutes.
Il s’agit de revêtements intégraux composés de carreaux polychromes à motifs géométriques, entrelacés, floraux, etc., délimités par des barres, des bordures ou des frises, qui rappellent les tapisseries.
C’est ainsi que ces revêtements ont été baptisés « tapisseries ». Il existait également des devants d’autel imitant des tissus d’inspiration orientale, avec des représentations exotiques et des compositions brutes.
6. Période de 1610 à 1680.
Polychromie intense
Des scènes figuratives, polychromes et au dessin sommaire s’intègrent aux grandes surfaces remplies de carreaux à motifs.
Ces représentations finiront par devenir autonomes et, dans la seconde moitié du siècle, on peut observer des couvertures figuratives ou expressives, ainsi que d’amples feuillages, exécutés dans une polychromie intense.
Ces représentations s’inspirent des gravures.
Des scènes figuratives, polychromes et brièvement dessinées sont intégrées aux grandes surfaces recouvertes de carreaux à motifs.
Ces représentations finiront par devenir autonomes et, dans la seconde moitié du siècle, on peut observer des couvertures figuratives ou expressives, ainsi que d’amples feuillages, exécutés dans une polychromie intense.
Ces représentations s’inspirent des gravures.
7. Période de 1675 à 1700
Période de transition
Les premiers exemplaires, qui possèdent toujours un contour en manganèse, sont peints en bleu et blanc.
Les enduits sont utilisés à l’intérieur des églises et des palais, dans le cadre d’programmes iconographiques complexes organisés en niveaux de lecture.
Certains noms de peintres sont connus, et celui de Gabriel del Barco mérite une mention spéciale.
Les premiers exemples, avec toujours un contour de manganèse, ont été peints en bleu et blanc.
Les enduits sont utilisés à l’intérieur des églises et des palais, dans le cadre d’programmes iconographiques complexes organisés en niveaux de lecture. Certains noms de peintres sont connus, et celui de Gabriel del Barco mérite une mention spéciale.
Les premiers exemples, qui conservent un contour en manganèse, sont peints en bleu et blanc.
Les enduits sont utilisés à l’intérieur des églises et des palais, dans le cadre d’programmes iconographiques complexes organisés en niveaux de lecture.
Certains noms de peintres sont connus, et celui de Gabriel del Barco mérite une mention spéciale.
8. Période : de 1700 à 1725
Cycle des Maîtres
Cette peinture d’une grande érudition, exécutée par des maîtres qui étaient également peintres à l’huile et peintres de plafond, se distingue par ses couleurs bleu et blanc.
Carreaux de créateurs, signés par les peintres les plus importants, chacun révélant une manière différente de comprendre la peinture sur carreaux : António de Oliveira Bernardes, Manuel dos Santos, António Pereira et Mestre P.M.P.
XVIII^e siècle – Le Cycle des Maîtres
Au début des années 1700, le peintre en carreaux reprend son statut d’artiste et signe souvent ses panneaux.
L’Espagnol Gabriel del Barco, actif au Portugal à la fin du XVII^e siècle, est le précurseur de cette situation : il introduisit un goût pour un engagement décoratif plus exubérant et une peinture libérée des contours stricts du dessin.
Ces innovations ont ouvert la voie à d’autres artistes, inaugurant une période dorée de la tuilerie portugaise, le « cycle des maîtres », en réaction aux importations hollandaises. Les peintres ont appliqué une spontanéité originale à leurs œuvres en utilisant plus librement et de manière plus picturale les gravures, et en créant des compositions de tuiles adaptées aux espaces architecturaux.
António Pereira, Manuel dos Santos et le monogrammeur PMP sont les peintres les plus importants, mais il convient également de souligner António de Oliveira Bernardes et son fils Policarpo de Oliveira Bernardes.
Maître du modelage des figures et du traitement des espaces environnants, António de Oliveira Bernardes est le principal artisan des créations les plus sophistiquées des carreaux figuratifs portugais de cette période, grâce à sa grande capacité technique et artistique.
Période de 1725 à 1750
La grande production johannique
Une production à grande échelle, due au nombre croissant de commandes, réalisée par des peintres formés par la génération précédente de maîtres.
On observe une plus grande mise en scène, notamment dans les garnitures de plus en plus complexes et découpées.
Ce cycle comprend les peintres Policarpo de Oliveira Bernardes, Teotónio dos Santos, Valentim de Almeida et Nicolau de Freitas.
XVIII^e siècle – La production de la Grande Joanine
Le deuxième quart du XVIII^e siècle a connu une augmentation sans précédent de la fabrication de carreaux, due en partie à d’importantes commandes en provenance du Brésil.
C’est la période de la Grande Production, qui coïncide en partie avec le règne du roi João V (1706-1750), et qui a donné lieu à la réalisation des plus grands cycles de panneaux historicisés jamais conçus au Portugal.
L’augmentation de la production a entraîné la répétition des figurations, l’utilisation de motifs sériels tels que les albarradas et la simplification de la peinture de scène, les moulures acquérant alors une grande importance scénographique.
Dans le prolongement du cycle des maîtres, des peintres comme Nicolau de Freitas, Teotónio dos Santos et Valentim de Almeida se distinguent également par la qualité de leur travail.
Outre les thèmes religieux commandés par l’Église, les palais utilisent désormais des scènes plus bucoliques, mythologiques, de chasse et de guerre, ou liées à la vie quotidienne de la cour, comme en témoignent les figures d’invitation placées à l’entrée.
10. Période de 1740 à 1790.
Carreaux rococo
Le langage rococo est introduit, principalement dans les coquilles et les feuillages asymétriques des garnitures, qui retrouvent également leurs couleurs d’origine.
Les zones figuratives continuent d’être peintes en bleu, plus rarement en manganèse. Outre les scènes de la vie quotidienne, on trouve de nombreux exemples de chinoiseries.
XVIII^e siècle – Le rococo
Au milieu du siècle, le goût de la société portugaise évolue avec l’adoption d’une grammaire décorative influencée par le style Régence français, mais surtout par le Rococo, à travers les gravures d’Europe centrale.
La préférence pour les formes organiques, dont l’exemple typique est la gomme-laque irrégulière, se manifeste dans des compositions délicates où les effets décoratifs sont obtenus par l’utilisation de deux tons de bleu contrastés, puis par l’utilisation de différentes couleurs.
Les panneaux figuratifs de l’époque représentent principalement des scènes galantes et bucoliques tirées des gravures de Watteau.
Le tremblement de terre qui détruisit Lisbonne en 1755 obligea à reconstruire la ville et, à cette fin, le motif fut réutilisé pour égayer une architecture qui, en raison de l’urgence de la tâche, était devenue très épurée et fonctionnelle.
Ce type de tuiles est connu sous le nom de « pombaline », en l’honneur du ministre du roi José Ier (r. 1750-1777), responsable de la reconstruction de Lisbonne : le marquis de Pombal.
Outre les thèmes religieux représentés dans les églises, les petits panneaux de dévotion ou d’archives étaient très populaires et étaient placés sur les façades des bâtiments pour protéger la ville contre les grandes catastrophes.
11. Période : de 1770 à 1820
Motif pombalin et reine Marie
On y retrouve également des carreaux à motifs imitant les balustrades, puis les textiles ou les papiers peints, avec des rosaces et des fleurons, et organisés en simulations complexes de lumière.
Les registres de saints, qui protégeaient les bâtiments contre les phénomènes naturels, sont également une constante de cette période.
Retour aux carreaux à motifs incorporant des motifs imitant les balustrades (et plus tard les textiles ou les papiers peints), avec des rosettes et des fleurons, et organisés en simulations complexes de lumière.
Les registres de saints, qui protégeaient les bâtiments contre les phénomènes naturels, sont également une constante de cette période.
12. Période allant de 1780 à 1830.
Carreaux néoclassiques
Ce style est particulièrement décoratif.
Les carreaux étaient réduits et utilisés dans des pierres de taille, en association avec les peintures murales dont le thème reflétait la fonction de l’espace dans lequel elles s’inscrivaient.
Début de la production en usine, avec un accent particulier sur la Real Fábrica de Louça, à Rato (Lisbonne).
Un courant expressif en matière de décoration.
Les carreaux étaient réduits et utilisés dans des pierres de taille articulées avec les peintures murales, dont le thème reflétait la fonction de l’espace dans lequel elles s’inscrivaient. Début de la production en usine, avec un accent particulier sur la Real Fábrica de Louça, à Rato (Lisbonne).
XVIII^e – XIX^e siècles – Le néoclassicisme
À la fin du XVIII^e siècle et en grande partie à partir de la Real Fábrica de Louça do Rato à Lisbonne, les carreaux s’approprient le néoclassicisme, un style international diffusé à travers les gravures de Robert et James Adam, et associé dans les carreaux portugais aux paysages exécutés par Jean Pillement.
Les panneaux de céramique sont désormais des pierres de taille basses et s’articulent avec la peinture à fresque dont les fonds blancs et dépouillés se détachent, leur conférant une grande légèreté et une profusion de thèmes et de compositions. Cette production est ainsi l’une des plus surprenantes.
Les panneaux sont remplis d’ornements légers, délicieusement polychromes, sans expression de volume, et les centres sont marqués par des médaillons monochromes en calligraphie, ce qui correspond au goût de la nouvelle bourgeoisie, qui s’est également révélée être un important commanditaire de carreaux de faïence.
Les carreaux racontent des histoires d’ascension sociale et représentent des figures élégantes de l’époque, tandis que l’Église n’abandonne pas les cycles religieux traditionnels et que la noblesse reste fidèle aux thèmes précédemment privilégiés.
13. Période : de 1840 à 1900
Carreaux de façade
Revêtement total des façades, qui confère aux bâtiments couleur et luminosité et transforme ainsi l’image urbaine. Utilisation de carreaux à motifs fabriqués dans diverses unités industrielles. Il existe également des façades figuratives destinées à des espaces spécifiques, à l’image de celles de Luís Ferreira, connu sous le nom de Ferreira das Tabuletas (1807-?).
XIX^e siècle – Façades en tuiles
L’affirmation définitive d’une bourgeoisie liée au commerce et à l’industrie, née du chaos économique dans lequel le Portugal est plongé après les invasions françaises (1807-1811) et la guerre civile entre absolutistes et libéraux (1832-1834), s’accompagne d’une nouvelle utilisation des tuiles.
Dans la seconde moitié du XIX^e siècle, des carreaux à motifs moins coûteux recouvrent des milliers de façades, produits par des usines de Lisbonne (Viúva Lamego, Sacavém, Constância, Roseira), du Porto (Massarelos, Devezas) et de Gaia.
Utilisant des techniques semi-industrielles ou industrielles, permettant une plus grande rapidité et rigueur dans la production, les façades aux carreaux à motifs et les encadrements délimitant les portes et les fenêtres constituent des éléments fondamentaux de l’identité urbaine du Portugal, notamment par la couleur et les variations de lumière.
Les usines étant principalement concentrées à Porto et à Lisbonne, deux sensibilités se distinguent.
Au nord, l’utilisation de reliefs prononcés est caractéristique d’un goût pour le volume et le contraste de l’ombre et de la lumière ; au sud, on conserve les motifs lisses de l’ancien style, et on les transpose des espaces intérieurs pour les appliquer presque ostentatoirement sur les façades.
14. Période : de 1890 à 1920
L’Art nouveau
Le début du XX^e siècle se caractérise par la persistance des façades en tuiles du XIX^e siècle, mais aussi par l’apparition de revêtements Art nouveau, partiels ou intégraux, conçus spécifiquement pour une façade particulière.
15. Période : de 1900 à 1940
Carreaux historicistes
Les valeurs historicistes véhiculées par les carreaux revivalistes, avec des auteurs comme Jorge Colaço (1868-1942) ou Leopoldo Battistini (1865-1936).
Il s’agit de peintures baroques en bleu et blanc représentant des scènes de l’histoire nationale et régionale, ainsi que des coutumes populaires. Elle incorpore parfois des éléments Art déco, notamment dans les moulures.
16. Des années 1950 aux années 1970
Des carreaux modernes
Une plus grande articulation entre les artistes et les architectes, influencée par le Mouvement moderne international, est arrivée au Portugal via le Brésil. Les carreaux sont utilisés dans de nouveaux bâtiments et équipements urbains, comme le métro de Lisbonne (inauguré en 1959), en collaboration avec Maria Keil, ou dans le lotissement de l’avenue Infante Santo (1955-1960).
17. Période : de 1970 à 2013
Contemporanéité
Il existe une grande diversité de formes, de solutions d’application et de supports. Le rôle des grands événements culturels, qui ont permis la régénération urbaine des villes, doit être souligné. Il faut également saluer les nouvelles formes d’articulation des tuiles et de leurs supports. Revêtement de structures préexistantes ou utilisation de tuiles comme œuvres d’art public autonomes.
Histoire et chronologie des carreaux portugais
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