Transfert de la juridiction portugaise au Brésil
1. Introduction
Dans le chapitre précédent, nous avons examiné les principaux mouvements de libération influencés par les idéaux révolutionnaires français et anglais.
Ces idéaux égalitaires sont le fait d’une élite lettrée qui considère le Vieux Continent comme un modèle à suivre.
Le roi reste toutefois une figure vénérée par les plus humbles.
Pour une grande partie de la population de la colonie portugaise, la monarchie constituait la meilleure forme de gouvernement. En ce sens, le pouvoir du roi était peu contesté (à l’exception de certains groupes sociaux, comme la classe moyenne et l’élite).
Les relations sociales hiérarchiques entre la colonie et la métropole ont été progressivement rejetées, car la population n’a pas commencé à revendiquer ses droits et à réclamer l’égalité du jour au lendemain.
Dans une monarchie, les positions sociales sont définies de manière rigide.
Chacun doit rester dans sa position sociale respective. Les liens du sang, associés aux coutumes de la cour, définissent l’identité de l’élite.
D’autre part, la population était composée en grande majorité d’ouvriers venus de la campagne comme de la ville.
Cependant, avec le transfert de la cour à Rio de Janeiro, une transformation sociale, politique et culturelle importante a commencé à se produire dans la colonie.
La société urbaine se diversifie et se développe.
À partir du moment où le Brésil est devenu le siège du gouvernement impérial portugais, avec le transfert de la cour, la mobilité sociale de la communauté luso-brésilienne établie en Amérique portugaise s’est accrue.
Transferência da corte portuguesa para o Brasil
2. Transfert de la famille royale et de la cour portugaise dans le Brésil colonial.
Le transfert de la cour et de la famille de Dom João VI au Brésil est l’une des conséquences des guerres napoléoniennes (1799-1815).
La guerre que la France de Napoléon Bonaparte a menée contre l’Angleterre a incité le roi Dom João à mettre en œuvre le projet de transfert de l’appareil administratif lusitanien vers sa colonie la plus prometteuse : le Brésil.
Le projet de transfert de la cour au Brésil prit forme lorsque les troupes napoléoniennes, venues du territoire espagnol, avancèrent sur la capitale.
Bien que l’opération d’embarquement ait échoué, la décision de traverser l’Atlantique n’a pas été imposée par la panique. Cette possibilité avait été étudiée depuis longtemps (DEL PRIORE, 2001, p. 185).
Le projet d’émigrer au Brésil ne date pas de 1808.
Selon l’historienne Lilian Moritz Schwarcz (apud O’NEIL, 2007), en 1580, lorsque l’Espagne a envahi et annexé le Portugal à ses domaines, il a été conseillé au prince du Portugal « de s’embarquer pour le Brésil » (2007, p. 35).
De même, le père Vieira considérait déjà le Brésil comme l’endroit idéal pour établir le siège du « cinquième empire ».
« Interprétant la Bible, Vieira soutenait que les desseins divins avaient choisi le Portugal pour fonder le cinquième empire, succédant ainsi à l’Égypte, l’Assyrie, la Perse et Rome » (apud Souza, 2000, p. 14).
Au XVIII^e siècle, cette volonté de construire un grand empire a été revue. Selon Iara Lis Carvalho Souza, un groupe de lettrés portugais (Andrada e Silva, Manuel Arruda da Câmara Bittencourt de Sá et José Vieira Coutinho, entre autres) a proposé une restructuration de l’empire portugais, guidés par les idéaux des Lumières.
L’objectif était de faire du Portugal une grande nation impérialiste, avec une économie plus productive et une politique plus efficace.
On voit donc qu’il existait déjà des projets prometteurs pour le Brésil avant 1808. Il s’agirait en effet d’une « colonie émancipée liée à la métropole » (Souza, 2000, p. 18).
Bien que cette perspective d’avenir ne se soit pas concrétisée, les Portugais imaginent déjà l’émancipation de leur colonie tropicale.
La stratégie consiste à élaborer des réformes administratives pour que le Portugal continue à exercer un contrôle sur le Brésil.
Il est donc important de souligner qu’à partir du début du XIX^e siècle, des alternatives ont été envisagées pour éviter une rupture radicale et définitive avec la métropole.
Ces idées circulaient au Portugal lorsque la famille royale portugaise a pris le bateau pour le Brésil. Elles ont même été mises en pratique par le ministre et secrétaire d’État Rodrigo Coutinho.
À partir de la fin du XVIII^e siècle, le statut du Brésil au sein de l’empire portugais connaît des changements progressifs.
Le rôle et la notion de colonie sont repensés, le statut colonial est révisé et une transformation de cet empire transocéanique, centré sur le Portugal, s’étendant de l’Asie à l’Amérique portugaise, sans oublier ses possessions en Afrique, est même envisagée.
Le projet d’un « empire vaste et puissant » est alors lancé et devient une véritable politique d’État avec Dom Rodrigo de Souza Coutinho à la tête du gouvernement portugais.
Dom Rodrigo encourage une série d’institutions du savoir capables de former des lettrés et de tirer profit de leur travail : Citons notamment la Casa Literária do Arco do Cego à Lisbonne, le Seminário de Olinda, l’Académie de Guardas-Marinhas et l’Observatoire astronomique à Rio de Janeiro, l’Escola Médico-Cirurgiã à Bahia et Rio, le Curso de Estudos Matemáticos à Pernambuco, le Curso de Economia Política et l’Imprensa Régia au Rio de Janeiro.
Selon Souza (2000, p. 12-13), l’Académie considère que ces institutions ont encouragé le progrès scientifique sans modifier la structure du pouvoir et l’ordre social.
En ce sens, avant même l’arrivée de la Cour, des actions libérales sont menées pour favoriser le développement de la colonie.
L’idée était que si l’idéal libertaire proclamé par la Révolution française ne pouvait être réalisé, il devait au moins être adapté aux intérêts et aux besoins des colonisateurs portugais.
2.1 Le départ pour le Brésil
Les réactions des Lisboètes au voyage de l’entourage royal portugais ont pu être diverses, mais c’est finalement le roi qui s’en va, provoquant un émoi général.
N’ayant pas l’intention de revenir (ce qui ne se produisit que treize ans plus tard, en 1821), Dom João et sa famille laissèrent leurs sujets lusitaniens « orphelins ».
Devant ce spectacle insolite, certains pleurèrent, se sentant désolés, comme si leur propre père s’en allait.
Jurandir Malerba (2000, p. 206) analyse ce sentiment de communion entre le roi et ses sujets : « L’image du roi comme père prend forme dans l’imaginaire collectif, dans l’ensemble social des images créées pour représenter la souveraineté monarchique. »
Le roi est même perçu comme un être suprême et sacré.
Cette image du roi est également partagée au Brésil. « L’idée — ou le sentiment ? – paternelle est aussi forte pour les Luminenses que pour les Lisboètes, qui ont profondément utilisé l’orphelinat pour définir leur condition à la suite du départ du roi » (Malerba, 2000, p. 206).
L’embarquement pour l’Amérique est difficile.
Selon le récit de l’Anglais Thomas O’Neil écrit en 1810, beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants tentent en vain d’embarquer, car les navires sont pleins.
Le 27 novembre 1807, l’ensemble de la famille royale, D. João, prince régent et futur D. João VI, embarque.
La cour portugaise s’est installée au Brésil pour échapper aux invasions napoléoniennes au Portugal.
Son Altesse Royale le Prince Régent et ses enfants se trouvaient à bord de la flotte, qui transportait un total de 16 000 à 18 000 sujets portugais. Tous les navires étaient surchargés.
À bord du Príncipe Real, on comptait pas moins de 412 personnes, en plus de l’équipage (O’NEIL, 2007, p. 59).
O’Neil nous donne une idée de l’ampleur du départ, qu’il juge comme une « évasion », avec l’aide notable de ses compatriotes anglais, ennemis de la France et de Napoléon.
O’Neil décrit le chaos qui règne dans le port de Belém : d’un moment à l’autre, des milliers de personnes affluent avec leurs bagages et leurs caisses, sans oublier la bureaucratie de l’État et les richesses qui accompagnent le roi.
Sur les plages et les quais du Tage, jusqu’à Belém, des paquets et des malles déposés à la dernière minute sont éparpillés (Schwarchz apud O’Neil, 2007, p. 36).
D’une manière générale, le départ de la cour portugaise pour le Brésil est perçu de deux manières.
D’une part, il est perçu comme une fuite, un acte de lâcheté de la part du roi, et d’autre part, comme une sage décision, puisqu’elle a empêché la France de déposer le roi et de conquérir les colonies portugaises.
L’Angleterre craint que le Brésil ne tombe aux mains des Français. Une telle issue réduirait en effet leurs possibilités commerciales.
Les Anglais souffraient déjà des conséquences de la guerre contre la France, qui avait entraîné la fermeture des ports européens aux navires britanniques (cette fermeture, orchestrée par Napoléon, visait à affaiblir l’Angleterre sur le plan économique).
C’est pourquoi les Britanniques étaient intéressés par une alliance avec le Portugal et surtout avec le Brésil, car c’était le seul moyen pour eux de maintenir le commerce outre-mer avec l’Amérique portugaise.
Il n’est donc pas étonnant que les Anglais aient accepté d’escorter la cour portugaise jusqu’au Brésil.
En échange d’avantages commerciaux avec le Brésil, l’Angleterre avait mis sa marine à la disposition de la cour portugaise.
Le récit de Thomas O’Neil nous montre la flotte royale composée de dizaines de navires. Outre les 15 navires de l’escadre royale, des dizaines de navires marchands (environ 30) transportent la famille royale et des milliers de sujets vers les tropiques.
2.2 Le voyage
Ce voyage n’est pas de tout repos. L’eau et la nourriture sont rationnées. Il y a trop de passagers et un manque d’hygiène qui oblige même les femmes à se couper les cheveux pour se débarrasser des poux.
Il n’y a pas de lits pour tout le monde, ni de chaises, ni d’assiettes. Mais malgré les difficultés, on chante au son de la guitare et l’on joue aux cartes.
L’escadre royale a affronté deux tempêtes en haute mer, qui ont séparé ses navires.
Le navire Príncipe Real, qui transporte Dom João, jette l’ancre à Salvador, tandis que les autres se dirigent vers Rio de Janeiro.
Le 22 janvier 1808, après 54 jours en haute mer, le prince royal arrive au Brésil.
Thomas O’Neil (2007, p. 69) a publié une lettre décrivant le voyage de la cour à travers l’océan Atlantique :
« Nous avons eu la chance d’être en compagnie de Son Altesse Royale, qui s’est arrêtée ici (São Salvador) par manque de provisions.
Il est impossible de décrire la situation pénible des pauvres femmes qui s’entassaient sur le bateau : privées de ce dont elles avaient besoin, j’ai été stupéfaite de voir comment elles surmontaient les difficultés.
Ce matin, le duc de Caraval est mort, effondré de chagrin. J’ai entendu dire qu’il était l’un des principaux nobles du Portugal et qu’il avait un caractère exemplaire.
Je pense vraiment qu’il est mort de faim pendant le voyage et j’espère que tous les princes débarqueront ici pour éviter des scènes malheureuses.
Après un mois à Salvador, le roi João arrive à Rio de Janeiro.
Le Pain de Sucre allait accueillir cet équipage et son commandant (Sir Sidney Smith, surnommé le « Lion de la Mer »), habitué à tant de guerres et de batailles. D’autre part, l’air des tropiques, enchanté par le climat, les arbres, les fruits et la population locale (SCHWARCZ, 2007, p. 43).
2.3 L’arrivée
Le prince régent João VI, sa mère et la reine Maria, ainsi que la famille royale, débarquent à Rio de Janeiro le 8 mars 1808.
L’arrivée de la cour a provoqué une grande mobilisation dans la ville. Il y eut une véritable fête populaire.
Les rues étaient tapissées de sable de plage et d’herbes aromatiques, les édredons de Goa flottaient aux balcons et les cloches sonnaient. […] À la descente des bateaux, la cour est accueillie par une pluie de fleurs et de plantes odorantes.
Devant l’église du Rosaire, des prêtres vêtus d’imperméables de soie encensent les voyageurs nouvellement arrivés, tandis que des fanfares retentissent, des fusées éclatent et l’artillerie tonne (DEL PRIORE, 2001, p. 187).
Cet acte public symbolique marque le début d’une nouvelle ère pour la capitale de l’Empire, mais aussi pour le Brésil.
Le calendrier a même été modifié : le 13 mai, date anniversaire du prince, a été célébré par des festivités.
Pour permettre l’installation de la noblesse, les maisons et les hôtels particuliers des personnalités importantes de la colonie sont mis à leur disposition, ce que l’on appelle les « retraites ».
Les meilleures maisons sont choisies pour accueillir l’entourage royal. Les lettres P et R (Prince Régent) sont peintes sur les portes des maisons sélectionnées.
La Quinta da Boa Vista, à São Cristóvão, est devenue la résidence de la famille royale. Le manoir de la Quinta a été offert par le marchand portugais Elias Antônio Lopes.
C’est dans ce lieu que se sont produits les premiers moments de l’arrivée de la famille royale à Rio de Janeiro. Mais les changements n’étaient que les prémices.
2.4 Ouverture des ports
Avant même d’arriver à Rio de Janeiro, Dom João avait décrété l’ouverture des ports brésiliens aux « nations amies », en particulier à l’Angleterre.
La charte royale officialisant cette mesure a été rédigée par José da Silva Lisboa, lecteur passionné de l’économiste libéral Adam Smith, et datée du 28 janvier 1808.
Ce document remettait en cause le Pacte colonial (le monopole commercial que détenait le Portugal sur le commerce avec le Brésil).
Selon Boris Fausto (2007, p. 122) :
L’ouverture des ports était un acte historiquement prévisible, mais motivé par les circonstances du moment.
Le Portugal était occupé par les troupes françaises et le commerce ne pouvait pas s’y faire.
Il est préférable pour la Couronne portugaise de légaliser l’importante contrebande qui existe entre la colonie et l’Angleterre, tout en percevant les taxes dues.
L’Angleterre est le principal bénéficiaire de cette mesure. Rio de Janeiro devient un port d’entrée pour les produits manufacturés anglais.
Avec l’ouverture, les tarifs douaniers changent.
Les produits dits humides (huile d’olive, vin et eau-de-vie) coûtent désormais deux fois plus cher sur le marché brésilien.
Les autres marchandises, les produits secs, devaient s’acquitter d’une taxe ad valorem de 24 % (c’est-à-dire sur leur valeur). De leur côté, les étrangers étaient autorisés à sortir les produits coloniaux du Brésil, à l’exception du bois de brésil.
Toutefois, l’Angleterre a commencé à payer des droits différenciés : 16 % ad valorem sur les produits secs et des taxes inférieures de 30 % à celles établies pour les produits humides.
Ces mesures ont permis de réduire la contrebande et de remplir le marché brésilien de produits anglais.
Le marché était complètement débordé ; le luxe des manufactures anglaises de Rio, immédiatement après l’arrivée du Prince Régent, était si grand et si inattendu que les loyers des maisons où elles étaient entreposées montèrent en flèche.
La baie de Guanabara était pleine de navires et la douane fut bientôt submergée par les marchandises.
Des tas d’outils et de clous, du poisson salé, des montagnes de fromage, des chapeaux, des boîtes de verre, des céramiques, des cordes, des bières en bouteille dans des tonneaux, des peintures, des gommes, des résines, du goudron, etc. sont exposés aux intempéries et aux déprédations.
Le commerce international s’intensifie encore avec le traité de 1810 entre le Portugal et l’Angleterre.
Selon Holanda et al. (2003, p. 93), « ce traité est le prix payé par le Portugal à l’Angleterre pour l’aide qu’il a reçue d’elle en Europe ».
Il faut comprendre que cette « aide » correspondait à l’escorte de la marine anglaise qui accompagnait la cour lors de la traversée de l’océan.
L’Angleterre bénéficiait d’une concession spéciale et ne paie plus que 15 % ad valorem à partir de cette date.
Les traités commerciaux antérieurs sont abolis.
Même les marchandises portugaises sont taxées à hauteur de 16 % de leur valeur. « Cette concession a eu plusieurs conséquences : elle a empêché le développement de l’industrie au Brésil, car ses produits ne pouvaient pas concurrencer les marchandises anglaises vendues à des prix très bas » (Holanda et al., 2003, p. 96).
Voici certains des principaux articles du traité de 1810, appelés « Alliance et amitié » et « Commerce et navigation » :
Les deux royaumes s’engagent à se soutenir mutuellement, l’Angleterre devant soutenir immédiatement l’invasion de la Guyane française, conséquence de la déclaration de guerre lancée par Dom João dès son arrivée au Brésil.
- La Couronne britannique confirme son soutien total aux Bragance.
- L’Angleterre voit ses droits sur Madère renouvelés et obtient un port neutre sur l’île de Santa Catarina.
- L’Angleterre a notamment le droit de couper du bois, comme le jacaranda et le vinhático, de construire des navires et de maintenir en permanence une flotte de guerre sur la côte brésilienne.
- Les sujets anglais vivant ici verront leur liberté religieuse garantie, l’Inquisition n’étant pas installée, et seront jugés dans tous les cas par des juges conservateurs (nommés par l’Angleterre), « reconnaissant la supériorité de la jurisprudence britannique ».
- Le gouvernement portugais s’engage à abolir progressivement l’esclavage dans les colonies portugaises d’Afrique. La traite des esclaves est immédiatement limitée aux colonies portugaises d’Afrique.
- L’Angleterre obtient le droit de réexporter les produits tropicaux.
Outre l’accord douanier susmentionné (droits de 15 % ad valorem), voici les points convenus entre le Portugal et l’Angleterre après 14 ans de négociations.
Cependant, l’élite luso-brésilienne n’a pas accepté les termes de ce contrat. Accusant le gouvernement de trahison, ils agissaient en réalité pour défendre leurs biens, notamment leurs esclaves. L’Église catholique s’est bien sûr également prononcée contre l’Alliance.
Autre point à noter : les actions militaires du roi João en Amérique.
En 1809, il envahit la Guyane française en représailles à la prise du Portugal par Napoléon.
En 1817, il envahit Montevideo, en Uruguay. Ces actions militaires s’inscrivent dans le cadre de l’expansion de l’empire portugais, en particulier contre l’Espagne, alors sous domination française.
3. Le Brésil, de la colonie au royaume
Avec la présence de la cour lusitanienne, l’Amérique portugaise devient le centre de commandement de l’Empire et prend le nom de Royaume-Uni du Portugal, du Brésil et des Algarves en 1815. Le Brésil devient alors le siège du pouvoir monarchique.
Pour s’adapter aux temps nouveaux, la structure administrative portugaise, initialement transférée au Brésil, commença à fonctionner.
Rio de Janeiro accueille alors des organismes administratifs tels que le Conseil du commerce, de l’agriculture, des manufactures et de la navigation du Brésil, l’Usine royale de poudre et l’École d’anatomie, de chirurgie et de médecine.
La nouvelle capitale de l’Empire a vu sa population doubler entre 1808 et 1821.
Le Brésil est passé de 50 000 à 100 000 habitants. La majorité d’entre eux étaient des immigrants (principalement des Portugais, des Espagnols, des Français et des Anglais), qui formaient une « classe moyenne de professionnels et d’artisans qualifiés ».
L’éducation a fait l’objet d’une attention particulière durant cette période :
Pendant son séjour au Brésil, D. João a encouragé la multiplication des écoles royales (l’équivalent actuel des lycées), favorisant l’enseignement primaire et les cours d’art et d’artisanat.
Le prince régent a également créé notre premier établissement d’enseignement supérieur, l’École médico-chirurgicale, à Bahia en 1808.
Les académies militaire et navale sont fondées à Rio de Janeiro, tandis que les écoles d’artillerie et de fortification sont créées à Bahia et au Maranhão.
Les bibliothèques et les centres d’arpentage entrent en activité, et l’Imprensa Régia, dans la capitale, se charge de l’impression des livres, brochures et périodiques publiés entre 1808 et 1821.
Dom Rodrigo de Souza Coutinho, comte de Linhares, a joué un rôle important dans ce processus de développement scientifique et éducatif.
En tant que ministre des Affaires étrangères et de la Guerre, il a été à l’avant-garde de la création d’institutions visant à promouvoir l’intelligence.
En fait, il est l’héritier des idées du marquis de Pombal (1750-1777), vieil allié de la bourgeoisie mercantile qui projetait de transformer le Portugal en un empire puissant.
Si le prince régent fait du Brésil le siège du royaume et y instaure des institutions tournées vers la production, qu’elle soit économique ou culturelle, le Brésil reste toutefois dépendant du Portugal.
Ces réformes institutionnelles ont cependant eu un effet inattendu : elles ont servi de base économique, politique et culturelle à l’émancipation du Brésil.
Cependant, l’implantation de l’Empire sous les tropiques a donné naissance à un sentiment de « nationalité » (ou nativisme).
La rencontre entre l’univers rural et l’univers urbain a donné naissance à une civilisation différente.
La nature exubérante a servi de toile de fond au métissage des peuples et des cultures.
Rio de Janeiro a, à son tour, été le microcosme de ces transformations rapides et intenses.
4. Dans ce chapitre, vous avez appris que
- Le projet d’installation au Brésil est antérieur à 1808. La construction d’un empire portugais puissant, dont le Brésil serait la principale colonie, était déjà envisagée.
- Il n’y a pas de consensus sur le transfert de Dom João et de la famille royale, mais certains spécialistes considèrent qu’il s’agit d’un acte de lâcheté, d’autres d’une stratégie militaire.
- Le départ de la cour pour le Brésil a été motivé par l’invasion du Portugal par l’armée de Napoléon Bonaparte, qui luttait pour l’hégémonie politique sur le continent européen.
- L’Angleterre escorte la Cour jusqu’au Brésil, car elle est intéressée par le commerce avec le Portugal. Les Britanniques sont les principaux bénéficiaires de l’ouverture des ports brésiliens.
- Avec la présence de l’appareil administratif du Royaume du Portugal à Rio de Janeiro, le Brésil cesse d’être une colonie et devient un royaume.
Voir les périodes suivantes de l’histoire du Brésil colonial :
- – Indépendance du Brésil ; – Rupture des liens coloniaux au Brésil.
- Empire portugais au Brésil – Famille royale portugaise au Brésil
- Transfert de la cour portugaise au Brésil
- Fondation de la ville de São Paulo et des bandeirantes.
- Période de transition entre le Brésil colonial et le Brésil impérial.
- Les moulins à sucre coloniaux
- Monoculture, travail des esclaves et latifundia dans le Brésil colonial.
- Installation du gouvernement général au Brésil et fondation de Salvador.
- L’expansion maritime portugaise et la conquête du Brésil
- L’occupation de la côte africaine, les îles de l’Atlantique et le voyage de Vasco de Gama.
- L’expédition de Pedro Álvares Cabral et la conquête du Brésil
- Période précoloniale au Brésil : les années oubliées
- Installation de la colonie portugaise
- Périodes de l’histoire du Brésil colonial
- Périodes historiques brésiliennes
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