La renaissance de la géographie de Ptolémée au XVe siècle

La renaissance de la géographie de Ptolémée : des textes anciens aux cartes imprimées de la Renaissance

En discutant des dernières formes de la mappa mundi médiévale, nous avons eu l’occasion de mentionner la diffusion des connaissances contenues dans les cartes accompagnant la Géographie de Claudius Ptolemaeus (ou Claudius Ptolémée) au XVe siècle, et peut-être même avant.

Nous pouvons maintenant examiner les circonstances dans lesquelles des copies du texte et des cartes ont été mises à disposition en Europe occidentale, d’abord sous forme de manuscrits, puis avec des cartes gravées dans des volumes imprimés.

Sebastian Munster (1489 - 1552) was one of the three most renowned cartographers of the sixteenth century, along with Mercator and Ortelius. Munster's Geographia and Cosmographia Universalis were two of the most widely read and influential books of the period. His editions of Ptolemy's Geographia, published between 1540 and 1552, were illustrated with 48 woodcut maps, the standard 27 Ptolemaic maps supplemented by 21 new maps. These new maps included a separate map of each of the known continents and marked the development of regional cartography in Central Europe. The antique geography was a prelude to Munster's major work, the Cosmographia, which was published in nearly 30 editions in six languages between 1544 and 1578 and then was revised and reissued by Sebastian Petri from 1588 to 1628. The Cosmographia was a geographical as well as historical and ethnographic description of the world. It contained the maps from the Geographia plus additional regional maps and city views with nearly 500 illustrations which made it one of the most popular pictorial encyclopedias of the sixteen century.Clouds and twelve named wind heads surround Munster’s woodblock world map. It displays the prevailing conception of the world geography prior to the discovery of the New World and according to Claudius Ptolemy. The continents are oddly shaped and all connected by a great southern continent Terra Incognita Secundum Ptolemaeum. There is a very large Taprobana (modern day Sri Lanka) in the enclosed Indian Ocean, and the Indian subcontinent is severely truncated. Only the northern part of Africa is shown with the Nile originating from a series of lakes in a large mountain range. There is a fine vertical crack line across the right-hand part of the map, which is present in nearly all editions.
Sebastian Muenster (1489 – 1552) était l’un des trois cartographes les plus renommés du XVIe siècle, avec Mercator et Ortelius. La Geographia et la Cosmographia Universalis de Munster étaient deux des livres les plus lus et les plus influents de l’époque. Ses éditions de la Géographie de Ptolémée, publiées entre 1540 et 1552, étaient illustrées de 48 cartes gravées sur bois, les 27 cartes ptolémaïques standard étant complétées par 21 nouvelles cartes.

Comment les travaux de Ptolémée ont influencé le développement de la géographie

Bref résumé de l’influence de Claude Ptolémée (vers 100-vers 170 après J.-C.)

Claude Ptolémée a transformé la géographie, qui était une discipline descriptive, en une science quantitative en compilant des coordonnées, en introduisant des projections cartographiques et en créant un vaste catalogue de lieux. Ses méthodes et ses travaux, en particulier la Géographie, ont influencé les cartographes et les explorateurs pendant plus d’un millénaire.

Points clés

  • Systématisation : utilisation de la latitude et de la longitude pour localiser des lieux et transformer la géographie en une science mathématique.
  • Projections cartographiques : descriptions des méthodes de projection de la Terre sphérique sur des cartes planes.
  • Catalogue de lieux : répertoire répertoriant des milliers de noms avec leurs coordonnées, qui a servi de référence pour les cartes ultérieures.
  • Méthodologie des données : intégration des rapports de voyageurs, des cartes antérieures et des observations astronomiques.
  • Transmission historique : traductions en arabe et en latin qui ont préservé et diffusé son œuvre tout au long du Moyen Âge et de la Renaissance.
  • Impact sur l’exploration : ses erreurs et ses estimations ont influencé les attentes des navigateurs et ont indirectement affecté les voyages de l’ère des découvertes.

Manuscrits anciens et recensions

Les plus anciens manuscrits conservés du traité géographique de Ptolémée, en grec, datent de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. Il en existe deux versions, la recension « A » accompagnée de vingt-sept cartes et la recension « B » accompagnée de soixante-quatre cartes.

Une copie de la recension « A » a été obtenue à Constantinople en 1400 par le mécène florentin Palla Strozzi, qui a persuadé Manuel Chrysolorus de traduire le texte en latin.

Chrysolorus, fondateur des études grecques en Italie, n’a pas pu mener à bien cette tâche, qui a ensuite été reprise par son élève, Jacopo Angelus de Scarparia, qui l’a achevée vers 1406.

Sa traduction a été critiquée, mais, corrigée et amendée par une succession d’éditeurs, elle a constitué la base de tous les textes imprimés pendant un siècle. Elle a été imprimée pour la première fois, sans cartes, à Vicence en 1475.

Les cartes ont été redessinées et leurs légendes traduites à partir des vingt-sept cartes de la recension « A » au cours de la première décennie du siècle par deux Florentins, Francesco di Lappaccino et Dominico di Boninsegni : la recension « B » n’a jamais été traduite en Europe occidentale, bien que des détails des cartes aient parfois été insérés dans les autres.

Codex et ajouts qui ont survécu

Le manuscrit original de la traduction d’Angelus et les premières cartes de la version latine n’ont pas survécu, mais il existe des manuscrits datant de la troisième décennie du siècle, par exemple celui préparé sous la direction du cardinal Guillaume Fillestre en 1427 (connu sous le nom de codex de Nancy).

Ce codex contient en outre une carte des régions septentrionales largement inspirée de celle de Claudius Clavus, sur laquelle figure « Engroenlandt », ainsi qu’une liste de positions géographiques.

Les cosmographes du XVe siècle, tels que Fra Mauro, n’acceptaient pas sans réserve les opinions de Ptolémée, et il devint courant d’ajouter un certain nombre de cartes contemporaines aux manuscrits afin de fournir une base de comparaison.

Pietro del Massajo et les cartes supplémentaires

Les manuscrits composés par le Florentin Pietro del Massajo sont particulièrement remarquables pour ces cartes supplémentaires.

Le plus ancien, qui doit avoir été écrit avant 1458, contient les vingt-sept cartes ptolémaïques, « cum additione provinciarum noviter repertarum et alia nonulla ».

Les sept cartes des « provinces » comprennent l’Espagne, la France, l’Italie, l’Étrurie, le Péloponnèse, Candia et l’Égypte avec l’Éthiopie ; les « autres » sont neuf plans de villes, dont Rome et Alexandrie.

Les origines de ces cartes « modernes » remontent dans certains cas au XIVe siècle et semblent être liées aux premières cartes marines.

Le prototype le plus ancien est une carte de l’Italie qui se trouve dans un manuscrit de la « Cronaca » de Fra Paolino. Paolino était un contemporain et ami de Marino Sanudo, et c’est à lui que le « Secreta fidelium crucis » de Sanudo fut soumis pour examen par le pape.

La carte, qui n’a pas été dessinée par Paolino, présente certaines similitudes avec celles de Pietro Vesconte.

Le contour et les noms des côtes proviennent sans aucun doute des cartes marines contemporaines ; on a tenté de les combiner avec une représentation de l’orographie de la péninsule.

La source de cette dernière caractéristique n’est pas encore déterminée. Au fil du temps, des améliorations ont été progressivement apportées ; dans un type, l’orientation de la péninsule est plus précise, dans un autre, la représentation de son extrémité sud est moins restreinte.

La carte « moderne » de l’Italie de Massajo présente une orientation améliorée et des détails supplémentaires. Aucun prototype de sa carte de l’Espagne n’a encore été trouvé, mais son évolution a probablement suivi une ligne similaire.

La carte de l’Égypte est particulièrement intéressante, car elle comprend des itinéraires assez détaillés et précis en Abyssinie. D’autres codex comprennent une carte de la Terre Sainte qui, cela ne fait guère de doute, provient en fin de compte de celle incluse dans les atlas de Sanudo.

Représentation du relief

Ces cartes sont également remarquables par leur méthode de représentation du relief.

Les hautes terres sont délimitées par rapport aux basses terres et leur surface est remplie d’une couleur unie : bien que cette méthode ait tendance à représenter toutes les montagnes comme des plateaux, il est possible de voir dans la ligne de démarcation entre les hautes terres et les basses terres et dans cette utilisation de la couleur le prototype des lignes de forme et de la coloration par couches.

Il semble également y avoir une tentative d’ombrage oblique des collines.

Carte Laurenziana et améliorations italiennes

Avant de quitter ces cartes manuscrites « modernes », notons que pour l’Italie, les deux améliorations mentionnées ci-dessus — l’orientation et la configuration sud — sont combinées pour la première fois sur une carte dans un autre codex de Ptolémée.

Cette carte de la Laurenziana, dessinée vers 1460, est importante car elle a été reprise, dans une version similaire, par Berlinghieri, puis par les éditeurs des éditions romaines du début du XVIe siècle.

Elle constitue une amélioration par rapport au schéma de Ptolémée et son orientation est plus correcte, des cartes marines, assez anciennes d’ailleurs, ayant été utilisées à cette fin.

Dominus Nicholaus Germanus

Dominus Nicholaus Germanus a joué un rôle plus important dans la production de ces atlas manuscrits. On connaît très peu de détails certains sur sa vie, et sa carrière a donné lieu à de nombreuses conjectures.

Il se trouvait sans aucun doute à Florence et à Ferrare entre 1464 et 1471. Florence était alors un centre d’études cosmographiques, et Nicholaus était connu des érudits les plus éminents.

Il semble avoir attiré l’attention en présentant un magnifique manuscrit enluminé de la « Géographie » à Borso d’Este en 1466. Au total, Nicholaus a réalisé douze copies manuscrites de la « Géographie ».

Celles-ci se répartissent en trois groupes principaux, dont deux ont servi de base aux éditions imprimées. Nicolas revendique plusieurs améliorations pour ses versions : les cartes redessinées dans un format plus petit et plus pratique ; l’utilisation d’une nouvelle projection (la « trapézoïdale ») ; la correction des contours des différents pays ; et l’ajout de nouvelles cartes.

Il a sans aucun doute apporté des modifications, mais celles-ci ne constituaient pas toutes des améliorations, ni des innovations de son cru. Les cartes manuscrites de Nicholaus ont servi de base à la première édition imprimée de la « Géographie », à Bologne en 1477, et à l’édition romaine de 1478 : elles ont donc eu une influence importante sur la forme sous laquelle les données de Ptolémée ont été diffusées, grâce à l’imprimerie récemment inventée et à la technique de la gravure sur plaques de cuivre.

Berlinghieri et Martellus

À Florence, à la même époque, travaillait également Francesco Berlinghieri, qui prépara une version en vers de la « Géographie » et l’accompagna d’un important ensemble de cartes, dont plusieurs cartes modernes bien supérieures à celles de Nicolas Germanus, apparentées aux types Massajo et Laurenziana. La première édition fut publiée à Florence en 1482.

Enfin, un autre copiste travailla sur la « Géographie », Henricus Martellus.

Un magnifique manuscrit de sa main est conservé à la Bibliothèque nationale de Florence ; il contient treize cartes modernes, mais est probablement postérieur aux premières éditions imprimées.

La carte de la France et du nord de l’Italie est particulièrement remarquable.

Les Alpes sont dessinées avec soin selon un motif en « coquille d’huître », soulignées et nervurées en brun foncé avec un corps brun clair et blanc. Certains sommets ont des sommets plats verts avec de petits symboles d’arbres.

Martellus, qui était également le copiste d’un important atlas aujourd’hui conservé au British Museum, était d’origine allemande, mais on ne sait rien d’autre à son sujet.

Cartographes du milieu du XVe siècle

Ainsi, au milieu du XVe siècle, quatre cartographes se sont consacrés à la reproduction de la « Géographie » et de ses cartes : P. del Massajo, vers 1458-72 ; Nicholaus Germanus, 1464-71 ; Francesco Berlinghieri et Henricus Martellus, vers 1480. Il est significatif que les trois premiers aient eu des liens avec Florence.

Premières éditions imprimées et gravures

La première édition imprimée de la « Géographie », sans cartes, fut publiée à Vicence en 1475, mais avant cette date, des expériences avaient probablement déjà été menées pour graver des cartes sur des plaques métalliques, à partir desquelles il était possible d’imprimer un grand nombre d’exemplaires.

C’est Conrad Sweynheym, à Rome, qui prit l’initiative de ce travail, et ses efforts aboutirent finalement à la magnifique édition romaine de 1478. Elle fut toutefois devancée par l’édition de Bologne de 1477. (La page de titre porte par erreur la date de 1462.)

Les cartes de cette édition furent dessinées par Taddeo Crivelli, miniaturiste et dessinateur accompli, qui avait été attiré de Ferrare à la cour de Giovanni Bentivoglio à Bologne.

Crivelli était sans doute conscient de la renommée que Nicolas Germanus avait acquise en présentant son codex enluminé à Borso d’Este, ce qui l’a peut-être incité à proposer à Bentivoglio, désireux de se montrer mécène des arts, l’impression de la « Géographie ».

L’entreprise fut certainement menée dans un esprit de compétition, car elle fut précipitée afin de devancer l’édition romaine, et il a été suggéré qu’un des ouvriers de Sweynheym fut débauché de Rome pour révéler sa technique aux imprimeurs de Bologne.

Le manuscrit utilisé était étroitement lié à celui de Nicholaus Germanus, mais en raison d’une production précipitée, l’édition fut insatisfaisante.

Le texte est entaché de fautes d’impression et les cartes sont mal exécutées, avec de nombreuses erreurs et omissions, et de nombreux signes d’inexpérience et de précipitation.

Les éditeurs se rendirent compte de ses défauts et, au cours des deux années suivantes, les planches furent améliorées et de nouvelles versions publiées.

Il n’y a pas grand-chose à dire sur cette édition ; c’est certes la première à contenir des cartes gravées, mais Crivelli s’est révélé être un meilleur artiste qu’un cartographe, malgré l’aide de deux astrologues.

Contenu de l’édition de Bologne de 1477

Cette édition de Bologne contient vingt-six cartes anciennes ; elles sont dessinées selon la projection conique originale, avec les degrés de longitude et de latitude indiqués dans les marges, ainsi que les climats.

Qualités de l’édition de Rome de 1478

L’édition romaine de la « Géographie » parut finalement en 1478, un an après l’édition de Bologne. Le texte fut édité par Domitius Calderinus, probablement à partir du Codex Ebner de Nicholaus Germanus.

Les cartes furent gravées sur cuivre par Conrad Sweynheym et sont d’une grande finesse. Les contours sont nets et l’absence de détails superflus est appréciable.

Les noms sont écrits dans un style inspiré des lettres de la colonne Trajan et ont établi un standard élevé pour les graveurs de cartes ultérieurs. Les chaînes de montagnes sont dessinées de profil, plutôt dans le style des « taupinières ».

Compte tenu de l’ampleur de la tâche et du stade expérimental de l’art de la gravure, cet atlas est une réalisation extrêmement raffinée. Les cartes sont les vingt-sept cartes anciennes de la recension « A », sur une projection rectangulaire : les degrés de latitude et de longitude sont indiqués dans les marges, ainsi que la durée des jours les plus longs.

Les cartes modernes imprimées de Berlinghieri

Le premier ouvrage imprimé à inclure des cartes « modernes » avec les cartes de Ptolémée n’est pas à proprement parler une édition de la « Géographie », mais la version métrique de cet ouvrage par Berlinghieri, imprimée à Florence en 1482, est suffisamment importante pour être mentionnée dans cette série.

Les cartes, gravées avec audace sur cuivre, sont au nombre de trente et une, les quatre supplémentaires étant « Hispania Novella », « Gallia Novella », « Novella Italia » et « Palestina moderna ».

Ces nouvelles cartes sont basées sur la projection rectangulaire originale ; la latitude et la longitude ne sont indiquées d’aucune manière, et elles ne comportent pas d’échelle.

Leurs contours sont clairement dérivés du codex Laurenziana ou d’une source très proche. L’influence des cartes marines est clairement visible dans le style des côtes, avec de nombreuses baies semi-circulaires et des promontoires bien visibles.

La représentation du relief est également très similaire à celle du manuscrit Laurenziana. Les noms figurant sur ces cartes modernes sont ceux qui étaient couramment utilisés à l’époque.

Il s’agit certainement des cartes les plus précises imprimées au XVe siècle, et il est regrettable qu’elles aient été éclipsées à l’époque par les cartes dites modernes de Nicholaus Germanus dans les éditions d’Ulm, et dans une certaine mesure par les cartes de Ptolémée elles-mêmes.

Les cartes de Berlinghieri ont été réimprimées, probablement après 1510, et elles ont également eu une certaine influence sur les éditions romaines de 1507 et 1508.

Ulm 1482 et projection trapézoïdale

L’édition suivante a été éditée par Nicolas Germanus lui-même et imprimée à Ulm en 1482. Ainsi, entre 1477 et 1482, quatre éditions avec des cartes ont été publiées, trois en Italie et une en Allemagne.

Comme mille exemplaires de l’édition de Bologne ont été imprimés, et que les autres éditions étaient probablement d’un tirage similaire, les idées de Ptolémée ont été largement diffusées juste au moment où elles étaient sur le point d’être, dans une large mesure, prouvées erronées.

L’édition de Ptolémée d’Ulm contient trente-deux cartes gravées sur bois, dont une carte « moderne » de la Scandinavie, basée dans une certaine mesure sur celle de Claudius Clavus, qui a été ajoutée aux quatre nouvelles cartes de l’édition de Berlinghieri.

La carte du monde ptolémaïque, pour la première fois dans un ouvrage imprimé, a été modifiée, le secteur nord-ouest étant dessiné conformément aux nouveaux détails de la Scandinavie.

Les cartes, originales et modernes, ont toutes été redessinées selon la projection « trapézoïdale » que Nicolas revendique comme sienne. Elle peut être considérée comme une projection conique grossière, les méridiens rayonnant à partir du pôle et les parallèles étant tracés à angle droit par rapport au méridien central.

Sur les cartes modernes, il n’y a aucune indication de latitude et de longitude, bien que la durée du jour le plus long soit notée à intervalles réguliers dans la marge.

Comme ces chiffres sont basés sur la latitude, ils donnent une indication de la position, mais la réticence, ou peut-être l’incapacité, à la montrer plus précisément est curieuse : ce n’est qu’avec les éditions romaines de 1507 et 1508 que ce défaut est corrigé.

En dessinant les nouvelles cartes, Nicolas adopta une attitude très conservatrice ; à toutes fins pratiques, il accepta les contours de Ptolémée, modifiés dans certains détails par les cartes ultérieures mentionnées ci-dessus, et tenta d’intégrer les nouveaux détails dans ce cadre, avec, comme on pouvait s’y attendre, des résultats très insatisfaisants.

Réception et éditions ultérieures d’Ulm

Dans l’ensemble, cette édition n’a pu avoir qu’un effet rétrograde sur le développement de la cartographie.

Elle semble toutefois avoir été bien accueillie en Allemagne, car quatre ans plus tard, une deuxième édition parut à Ulm (1486), avec les mêmes cartes et le texte enrichi d’une dissertation.

En 1490, une deuxième édition de la version romaine de 1478 parut, avec les vingt-sept cartes imprimées à partir des mêmes plaques.

Il y eut ensuite un intervalle de dix-sept ans avant qu’une autre édition ne soit publiée. Cela coïncida avec la grande époque de l’expansion maritime et, naturellement, tant que les détails adéquats des nouvelles découvertes n’étaient pas disponibles, il y avait peu d’intérêt à se lancer dans une nouvelle édition.

Ajouts à Rome en 1507

La troisième édition romaine parut en 1507, éditée par Marcus Beneventanus et Johannes Cotta. Les vingt-sept cartes anciennes proviennent des plaques des éditions précédentes, auxquelles s’ajoutent six nouvelles cartes, gravées dans un style similaire.

Cinq d’entre elles étaient déjà apparues sous une forme légèrement différente dans d’autres éditions, mais la sixième présentait un intérêt particulier. Il s’agissait d’une carte de l’Europe centrale (Polonie, Hungarie, Boemie . . .), réalisée par le cardinal Nicolas de Cues.

Une copie manuscrite se trouve dans le codex Laurenziana, et il semble qu’il ait été prévu de l’inclure dans l’une des éditions romaines antérieures ; une planche a été gravée mais n’a pas été utilisée à cette fin, bien que la carte ait circulé séparément vers 1491.

Les autres « tabulae modernae » proviennent en partie des éditions d’Ulm (Europe du Nord, France et Terre Sainte — les deux premières sur la projection trapézoïdale) et en partie de Berlinghieri (Italie, copie fidèle, et Espagne, sur la projection rectangulaire).

Pour la première fois, les nouvelles cartes comportent des bordures graduées en latitude et longitude, et numérotées en degrés. Il est significatif qu’une légende sur la carte moderne de l’Italie indique que la mesure du degré de longitude ne suit pas Ptolémée, mais est représentée « selon le style des cartes marines ».

Cela semble signifier que la carte est dessinée sur une projection plane, c’est-à-dire qu’aucune tolérance n’est accordée pour la convergence des méridiens, car un degré de longitude est égal à un degré de latitude (presque).

Édition de 1508 et Ruysch

L’année suivante, ces planches furent réutilisées pour une autre édition de la « Géographie », enrichie d’un court traité sur le nouveau monde rédigé par Beneventanus et, plus important encore, de la carte du monde de Johan Ruysch.

Il s’agissait de la première carte d’une édition de Ptolémée à représenter une partie du nouveau monde.

Venise — Bernardus Sylvanus

Trois ans plus tard, une édition fut publiée à Venise par Bernardus Sylvanus, qui rompit encore davantage avec la tradition.

Les vingt-sept cartes furent regravées sur bois avec de nombreux noms estampillés en rouge : elles ont des contours « modernes » avec la nomenclature classique ; il n’y a donc pas de cartes strictement ptolémaïques dans cette édition.

C’est ainsi qu’une carte imprimée des îles britanniques, autre que celle de Ptolémée, fut mise en circulation pour la première fois. Elle n’était pas très précise, car elle était basée sur la carte portulan de Petrus Roselli, dont quelques noms ont également été repris.

L’ensemble est grossièrement dessiné, Londres, par exemple, étant représentée bien au sud de la Tamise.

La carte du monde est sur une projection en forme de cœur et est mise en conformité avec les connaissances contemporaines ; Hispaniola, Cuba et une partie de l’Amérique du Sud sont insérées, ainsi que le littoral complet de l’Afrique, mais à l’est, le contour de Ptolémée est conservé.

Strasbourg 1513 — Waldseemüller et l’apogée

L’influence de Ptolémée sur la cartographie a atteint son apogée avec l’édition de la « Géographie » publiée à Strasbourg en 1513.

Cette œuvre est attribuée à Jakob Eszler et Georg Ubelin, mais les cartes sont généralement considérées comme l’œuvre de Martin Waldseemiiller (1470-1518) de Saint-Dié en Lorraine, bien qu’aucune preuve concluante ne permette de l’affirmer.

À Saint-Dié, Waldseemiiller était membre du cercle savant patronné par le duc René II. Les cartes forment, avec ses autres œuvres — la « Cosmographiz introductio », un globe terrestre et deux cartes du monde datant de 1507 et 1516 — un ensemble cohérent de géographie ancienne et nouvelle, anticipant le schéma de Gerhard Mercator.

L’atlas contient quarante-sept cartes gravées sur bois, dont onze peuvent être considérées comme nouvelles. Parmi celles-ci figurent une carte du monde qui est une version rudimentaire de sa « Carta marina » élaborée de 1516, elle-même basée sur la carte de Canerio ; une « Tabula terre nove », l’une des premières cartes séparées du continent américain ; une carte de la Suisse basée sur une carte manuscrite de Konrad Diirst de 1496 ; et une « Tabula moderna Lotharingiae ».

Cette dernière est intéressante car elle constitue l’un des premiers exemples d’impression en couleur et tente de représenter les reliefs de la région.

Réimpressions et éditions ultérieures

Cette édition a été réimprimée à partir des mêmes blocs en 1520, et deux ans plus tard, Laurent Fries en a publié une autre, avec des cartes légèrement différentes à plus petite échelle, mais également attribuées à Waldseemiiller.

Bien que de nombreuses nouvelles cartes sortaient des presses, l’intérêt pour Ptolémée ne s’est pas complètement éteint au XVIe siècle : parmi les éditions qui ont précédé celle de Mercator, les plus importantes sont peut-être celles de Sebastian Minster (Bâle, 1540) et de Jacopo Gastaldi (Venise, 1548), cette dernière, un petit octavo, contenant soixante cartes gravées, généralement basées sur celles de Münster, mais avec des ajouts considérables.

Peu de temps après, ces recueils composites de géographie ancienne et nouvelle allaient être remplacés par les atlas modernes d’Ortelius et de Mercator.

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